HISTOIRE DE TILLOY LES MOFFLAINES
Rosalind Pelletier-Wilkins
Extrait du « Plan Napoléon » 1809
Tilloy existait probablement avant l’arrivée des Romains avec Jules César. La rue principale, Grand’rue ou avenue Charles de Gaulle, prolongée côté Nord par le chemin de terre vers Saint Laurent et de l’autre côté vers Beaurains, est un ancien chemin gallo-romain, contournant les marais du Crinchon et la Scarpe dans la cuvette d’Arras.
Ce chemin sera coupé par la route romaine d’Arras à Cambrai, permettant la naissance du hameau de Tilloy en retrait du carrefour, autour de l’église actuelle. Il y avait probablement une ferme gallo-romaine en haut du chemin de terre, à proximité du lieu dit « la Cour au bois » (à ne pas confondre avec le quartier du village actuel du même nom – un transfert récent) Probablement aussi une autre ferme gallo-romaine se trouvait vers Beaurains sur le même chemin (RD 60 aujourd’hui) Y avait-il une ferme gallo-romaine dans le centre du village ? Les villages naissent souvent de cette manière.
En 674 A .D. Tilgidii (Tilloy) s’inscrivait dans de larges propriétés de l’Abbaye de saint Vaast fondée à Arras, et la forêt de Mofflaines s’étendait entre Saint Laurent, Monchy le Preux et Tilloy.
Les siècles passent et le village possédera une église au 14ème siècle dont le prêtre sera nommé par l’Abbaye de St Vaast. La ville d’Arras aussi s’agrandira dans la cuvette, et s’enrichira de l’industrie drapière. Elle s’entourera de fortifications en pierre à la fin du 12ème siècle.
Convoitée pour sa richesse, la ville d’Arras sera assiégée plusieurs fois pendant les siècles suivants, notamment en 1413, 1418, 1477, 1654 et 1712. Ces dates, les plus marquantes pour Tilloy, sont restées dans la mémoire populaire. Les assiégeants s’y installent et pillent, rasant le village pour étrangler la ville d’Arras et empêcher son ravitaillement. Mais à chaque fois le village se refera, et l’église aussi. En 1616 en particulier, quand son grand clocher en pierre sera construit. Ce clocher sera encore en place en 1914, au début de la première guerre mondiale, mais sera détruit par les bombardements de l’artillerie anglaise en 1917 alors que le village était occupé par les Allemands.
Le village, et la Cour au Bois, ferme fortifiée, appartenant à l’Abbaye, seront encore détruits en 1654 lors du siège d’Arras par les Espagnols installés dans leur quartier général. Le contre-siège par Turenne mettra fin au siège.
Le Bois de Mofflaines, danger permanent pour la ville d’Arras, car permettant son approche à couvert, sera finalement déboisé complètement en 1670 par Montdejeu gouverneur de la ville d’Arras à l’époque, après que Louis XIV ait récupéré les plus beaux chênes pour la construction navale. Le village de Mofflaines, dont l’existence même n’est pas certaine, semble se situer le long de la route de Cambrai, vers le chemin de Pelves…Mais n’était-il pas qu’un lieu-dit ? Il n’y a pas de trace dans les archives, sauf le nom pour l’affaire des Vaudois…
Le 18ème siècle se termine avec la Révolution Française, et Tilloy ne sera pas épargné. Quelque années avant, en 1784, la communauté au village se réunit pour décider de la reconstruction/rénovation de l’église, suite aux saccages de 1712. Deux pans de murailles seront refaits. La reconstruction du choeur sera demandée aux décimateurs (gens de guerre) .
Puis la révolution fait son oeuvre. La Cour au Bois est vendue comme bien national en 1792, et cette même année Joseph le Bon, révolutionnaire, est nommé curé constitutionnel à Neuville Vitasse. La cure (paroisse) inclut aussi les succursales de Mercatel, Beaurains et Tilloy. Monsieur Richez, curé de Tilloy depuis 1783 est en bute des tracasseries de la part de Le Bon, et finalement l’église de Tilloy sera vendue par les révolutionnaires en 1793. L’acheteur d’Arras la fera démolir.
Au moment de commencer la destruction, le premier ouvrier tombe du haut du toit et meurt. Lors de cette destruction en 1794 tout ce qui se trouve à l’intérieur de l’église sera aussi détruit.
La Terreur fait ses ravages, et à Tilloy il y aura deux victimes ; un nommé Goudemand, et le sieur Magniez, juge de paix qui s’était opposé à Le Bon lors de plusieurs procès. Ils seront guillotinés à Neuville Vitasse.
Il n’y a que très peu de références au fief de Halloy (nom de la parcelle du manoir-château au moyen âge) au moment de la Révolution et après. Il est probable que le censier, fermier bailleur, qui gérait les terres et la ferme de la propriété les ait reprises à son compte ? Ou furent-elles vendues à la famille du baron de Livrois (propriétaire vers le milieu du 19ème siècle) ? Le titre de baron est issu de la nouvelle aristocratie instaurée par l’Empereur Napoléon. C’est le Baron de Livrois qui vendra son château à Monsieur Sergeant vers 1896.
Le 20ème siècle est dévastateur avec l’occupation du village par les troupes allemandes dès le début d’octobre 1914 et jusqu’en avril 1917. Le village attire les tirs de canons alliés, qui détruisent complètement le village pendant cette période.
La Bataille d’Arras, débutant le 9 avril 1917, parachèvera les destructions, et le village ne sera qu’un champ de ruines, même si à ce moment- là le village est libéré.
La reconstruction est rapide : château (1922) - mairie-école ( 1923-1925) - église (1926-1928) et les fermes se succèderont. Le Lycée Agricole sera transféré depuis Berthonval en 1923 sur le site de la ferme Normand .
La deuxième Guerre mondiale, 1939-1945, amènera son lot de destructions et d’émois, car le village est proche d’Arras et subira les échos des évènements d’Arras. Tilloy sera libéré une deuxième fois le 5 septembre 1944.
Le village se remettra de tous ces bouleversements et le Maire, Monsieur René Lefrère, élu en 1947 veillera à son développement pendant de longues années, jusqu’à sa mort en 1994.
Chapitres à suivre : histoire récente (1994-2014) ; histoire de l’église de Tilloy ; histoire du château-manoir ; histoire du lycée agricole ; histoire des sièges d’Arras affectant Tilloy ; la Révolution Française à Tilloy ; histoire de la Cour au Bois