HISTOIRE de l’EGLISE SAINT BRICE de TILLOY les MOFFLAINES

La fondation de cette église remonte probablement au début de la chrétienté dans la région, comme le nom de Brice l’atteste. 

La possibilité d’une ferme gallo-romaine (sans aucune preuve, mais raisonné) sur le site ou à proximité du Manoir actuel et les passages le long de la route galloromaine actuellement la Grand’ Rue ou Avenue Charles de Gaulle, laisse supposer des conversions par St Martin vers la fin du 4ème siècle. On connaît les multiples voyages que Martin a faits entre son Evêché à Tours et à Trèves, site royal à l’époque. Il est passé par Amiens (lieu de partage de son manteau sur la route de St Firmin). D’Amiens à Trèves, la route la plus directe était certainement la route de Cambrai, qui passe à Tilloy ainsi que la route gallo-romaine d’Amiens à Arras par Pas en Artois…Les églises dédiées à Martin sont nombreuses dans la région autour de Tilloy, ainsi que des lieux : St Martin sur Cojeul par exemple. Saint Brice était le successeur de Martin à l’évêché de Tours, et fut son compagnon et disciple. Il est probablement passé par ici et peut être a-t-il évangélisé les populations. 

Le noyau de chrétiens aurait continué à se développer à travers les siècles, chrétiens confortés dans leur foi et par l’arrivée de St Vaast au 6ème siècle.
La fondation de l’Abbaye de St Vaast et son enrichissement avec des terres alentour d’Arras, cédées par le roi Thierry III et d’autres riches terriens, fait «tomber» l’église et sa cure dans le pouvoir de l’Abbaye. Les moines nommaient le curé de paroisse (prêtre et pas moine) 

La richesse de la Ville et l’Abbaye de St Vaast attirent la convoitise. Les guerres et
sièges, pour prendre ces richesses, entraînent chaque fois la perte du village et de
son église. Les destructions sont répétées lors de ces sièges d’Arras en 1413 et
1418. Le chapître de l’évêché d’Arras accorde des remises au curé de Tilloy sur les
redevances diocésaines à sa charge. Le curé avait aussi la charge des réparations de l’église. 

C’est finalement en 1616 qu’une nouvelle église est construite, avec trois nefs et le clocher en pierre encore debout avant la guerre de 1914-1918. 

Mais les guerres pendant le 17ème et le 18ème siècle n’épargnent pas Tilloy, surtout en 1654, avec les sièges et contre-sièges autour d’Arras. Entre 1710 et 1712 le pays d’Artois est encore ruiné par la guerre. Les combattants et mercenaires pillent et détruisent tous les villages, y compris Tilloy les Mofflaines.

En 1784 l’assemblée de la communauté de Tilloy se réunit pour décider de la reconstruction de l’église, e n quasi-ruines. On décide de ne reconstruire que deux pans de murailles et de demander aux gens de guerre de faire reconstruire le chœur. La délibération est signée par les principaux habitants du village et le curé Monsieur Richez.

Ce curé, Mr. Richez, sera inquiété par Joseph le Bon en 1792. Le Bon a été nommé curé constitutionnel à Ne uville-Vitasse avec les villages et églises de Mercatel, Beaurains, et Tilloy en succursale. Le presbytère de Mr Richez a été saccagé par 6 hommes de Beaurains et de Neuville-Vitasse, sans doute envoy és et soudoyés par Joseph Le Bon. Mais le pire était encore à venir.

En 1793 l’église est vendue, comme bien de l’Etat par le révolut ionnaire Le Bon, à une personne d’Arras, qui la fait démolir. Mais au début de c ette destruction le premier ouvrier qui monte sur le toit, tombe et se tue. Les habitants de Tilloy, qui refusaient de participer à l a destruction, ont vu là une preuve d e la vengeance de Dieu. 
Mr. Richez s’enfuit du village mais catéchise encore quelques enfants qui viennent à lui, en secret, à Arras. Il devait ensuite se refugier aux alentours de Saint Omer.


La destruction totale de l’église, et de son contenu, eût lieu en 1794, mais quelques objets furent dérobés et dissimulés par les habitants, dont une statue de l’enfant Jésus. Ayant appris que Catherine Deliège avait caché cet objet dans sa maison, Joseph le Bon la somme de le lui livrer. Elle lui répond de venir le chercher lui-même, ce qu’il a voulu faire. Mais au spectacle de cette femme qui l’attendait au fond de la salle de sa maison avec une hache à la main, il n’a pas osé le faire.

En 1806, les églises étaient rendues au culte catholique par Bonaparte 1er Consul mais celle de Tilloy était un monceau de ruines. A partir de 1807 la chapelle de Beaurains, auparavant annexe de Tilloy, a un curé et Tilloy devient annexe de Beaurains jusqu’en 1839. Pendant ces trente années c’est dans une ancienne grange de la propriété du Baron de Livrois, prêtée par son grand-père Mr Baudelet, que le culte aura lieu.

La reconstruction de l’église fut terminée en 1832 avec une nouvelle cloche fondue à partir de l’ancienne qui datait de 1758. Le conseil municipal n’avait pas souhaité reprendre les dimensions de l’ancienne église d’avant la Révolution. Les nefs collatérales furent supprimées et un plafond a remplacé la voûte. Le clocher de 1616, par contre a survécu à tous ces événements.

Le cimetière, derrière le presbytère qui se trouvait à droite de l’église, fut déplacé rue Planquette (rue du Noble aujourd’hui). L’abbé Dupond, vicaire à Beaurains, fut nommé curé à Tilloy en 1842, mais logea chez l’habitant car le presbytère avait été détruit.

L’intérieur de l’église fut restauré à partir de 1848, avec l’installation d’un chemin de croix, et la réfection des autels latéraux, des boiseries dans le chœur et la mise en place de vitraux.

Pendant le 19ème siècle ce fut l’installation d’une école de filles dirigée par des religieuses et le développement de l’instruction primaire, qui s era traité dans un autre chapitre.


Le 20ème siècle voit la destruction totale de l’église, y compris le clocher de 1616, ainsi que le reste du village, pendant l’occupation du village d’Octobre 1914 à Avril 1917. Le clocher servait de point de mire pour les Alliés, installés juste au-delà du Lycée Agricole d'aujourd’hui et à Arras. Le clocher servait aussi aux Allemands comme poste d’observation pour bombarder la ville. Il sera l’objet de tirs intensifs pendant ces trois ans et de mi.

L’attaque du village, dans le cadre de la Bataille d’Arras, et de sa libération le 9 Avril 1917, laisse le village totalement rasé après une semaine de tirs d’artillerie en continu. Après la fin des hostilités en 1918, et la Paix de Versailles en 1919, tout est à reconstruire : la mairie, l’école, l’église, le château, les fermes et les habitations. 



La reconstruction des fermes et des habitations se fait rapidement, les granges et écuries en premier avec d es briques de récupération (les gens habitant dans les caves ou sous des bâches) car il fallait mettre les bêtes à l’abri. Après on construit les habitations, avec des briques de meilleure qualité. Il y a des dates quelquefois sur des plaques de fonte sur le mur.

Mais l’église est le sujet ici, et en 1921 la commune adhère à la Coopérative de reconstruction des églises du Diocèse. Le 22 Novembre 19 22 un projet de reconstruction est présenté par l’architecte de la commune Mr Léry. Le gros œuvre est reçu le 30 Juin 1926, et l’aménagement intérieur se fait au fur et à mesure de l’arrivée des crédits. L’autel est offert par les Demoiselles Lepoivre. Les vitraux et le mobilier sont installés en 1928 et 1929. En 1928 l’église reçoit aussi un paratonnerre et le clocher est équipé d’une horloge. Il est à note r ici que le clocher est en retrait d’environ 2 mètres par rapport à son emplacement de 1616.

Le presbytère est rebâti à la même époque, et le cimetière aussi, à l’emplacement de l’ancien, rue du Noble, utilisant les mêmes fondations des murs l’entourant. Le calvaire du cimetière est installé sur le même site au centre du cimetière et, en 1927, une cérémonie religieuse et civile fête son installation dans le cimetière renouvelé. Le calvaire de la rue de Wancourt fut probablement installé en 1927 ou 28. S’il y a peu à dire sur l’entre deux guerres et pendant la guerre 1939-45, un bombardement en mai 194 0 cause quelques dégâts à la mairie et à l’église. 



Après la guerre, la vie reprend son cours, et l’église aussi. Le manque de prêtres oblige à des regroupements de clochers, et aujourd’hui Tilloy les Mofflaines fait partie de la paroisse de Notre-Dame de Pentecôte, avec huit villages alentours : Beaurains (église St Martin), Agny (église St Laurent), Achicourt (église St Vaast et église St Christophe) Sur le territoire d’Arras, les églises de Saint Sauveur, du Curé d’Ars (dans le quartier Pierre Bolle) et de Bonne Nouvelle, sur la route de Bapaume sont aussi rattachées à la paroisse. Toutes ces églises sont au sud de la voie ferroviaire et forment une nouvelle et grande paroisse assez homogène, ayant partagée une histoire commune. (voir le livret «Notre Dame de Pentecôte» – le Sud Arras)